Les traités de Rome

14 Février 2007 | par

Il y a cinquante ans, six pays signaient à Rome les traités qui allaient donner naissance à l’Europe telle que nous la vivons aujourd’hui. À l’heure des crises et des doutes d’une Europe à 27, il est bon de se souvenir de cet élan fondateur pour mieux s’en inspirer.




Malgré la pluie et le froid qui s’abattent sur la Cité Eternelle en ce 25 mars 1957, l’ambiance est à la liesse, et les cloches sonnent à toute volée. Tout d’abord, parce que c’est très exactement le jour de la fête de l’Annonciation, moment de joie et de renouveau s’il en est. Et aussi parce que ce jour-là les représentants de six pays – Allemagne, Belgique, France, Italie, Luxembourg, Pays-Bas – sont réunis au palais du Capitole afin d’y signer “les” traités de Rome, car il y en avait deux : le traité instituant la Communauté européenne de l’énergie atomique (Euratom), et bien entendu celui instituant la Communauté européenne (CEE). La cérémonie a lieu dans la magnifique salle des Horaces et des Curiaces dont les fresques évoquent le combat légendaire de Rome et d’Albe. Une façon de rappeler à tous les participants l’absurdité des luttes fratricides, à commencer par celles que l’Europe venait de vivre pendant la Seconde Guerre mondiale.

Pour la petite histoire, l’Imprimerie nationale italienne avait reçu le texte des traités avec retard et n’avait pas eu le temps matériel de terminer leur impression. Les responsables du protocole ont alors fait intercaler un nombre suffisant de pages blanches entre la première et la dernière page qui, elles, étaient prêtes. Ils allaient ensuite s’efforcer tout au long de la journée – et avec succès – d’éviter que les journalistes s’aperçoivent que l’on avait en fait paraphé une liasse de feuilles blanches. Le processus qui a conduit à ce traité fondamental préfigure déjà le mode de fonctionnement des institutions européennes telles que nous le connaissons aujourd’hui : crises, petits pas et grandes avancées. Tout commence avec la déclaration de Robert Schuman le 9 mai 1950, qui lance la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier, une idée de Jean Monnet. Mais en août 1954, le parlement français refuse de ratifier le traité de la Communauté Européenne de Défense. Première crise grave et gel du processus. Il faudra toute l’habileté des ministres présents à la conférence de Messine en juin 1955, pour obtenir un accord à l’arraché qui allait permettre de relancer l’intégration européenne. Le communiqué final posait le principe « d’une Europe unie par le développement d’institutions communes, la fusion progressive des économies nationales, la création d’un marché commun et l’harmonisation progressive de leur politique sociale ».

Ces principes sont restés en vigueur malgré toutes les modifications au traité telles que l’Acte unique (1986) ou le traité de Maastricht (1992). Avec la signature en 2004 du traité de Rome II, l’Europe a voulu se doter d’une véritable constitution pour clarifier le fonctionnement d’un ensemble qui compte désormais 27 membres. Mais le refus français et néerlandais de le ratifier est venu rappeler qu’en matière européenne, rien n’est jamais acquis, aujourd’hui comme il y a cinquante ans.

Racines chrétiennes
Depuis le Moyen Age, l’idée d’une Europe unie appartient à l’idéal chrétien. Ainsi, les bâtisseurs de l’Europe actuelle furent en majorité des démocrates-chrétiens tels Konrad Adenauer, Alcide de Gasperi ou Robert Schuman. Et quand Benoît XVI (saint Benoît de Nursie est l’un des saints patrons de l’Europe) réaffirme l’importance des « racines chrétiennes de l’Europe », il ne fait que rappeler une évidence. Pourtant, nombreux sont ceux qui s’opposent à la mention de cet héritage historique dans la future constitution.

Updated on 06 Octobre 2016