« Lever un coin du voile sur le mystère de l’Eucharistie »

Dominique Coerten et Sœur Béatrice Carbonell sont responsables de la catéchèse pour le vicariat de Bruxelles. « Le mystère de l’Eucharistie s’approfondit tout au long de la vie», expliquent ces accompagnatrices d’enfants vers la première communion.
14 Mai 2023 | par

Comment êtes-vous devenues l’une et l’autre accompagnatrice et formatrice d’enfants vers la première communion ?
Dominique Coerten : Au départ, je ne me suis pas vraiment posé la question, c’était dans la logique des choses. Après ma confirmation, j’ai voulu me mettre au service et le curé de ma paroisse m’a proposé d’être catéchiste. Puis les années ont passé, j’ai arrêté. Une fois devenue mère, la foi faisait partie intégrante de ma vie et des choses que je voulais transmettre à mes enfants et j’ai donc repris la catéchèse, pour la transmission. Depuis dix ans maintenant, je travaille pour le vicariat de Bruxelles.
Sœur Béatrice : Pour moi qui suis d’une congrégation missionnaire, l’accompagnement des familles fait partie de ma vocation et le point de départ pour moi a été ces questions – nombreuses ! – demandant comment transmettre la foi aux enfants. J’ai donc cherché comment y répondre, pour transmettre aux enfants l’Évangile, une expérience de Dieu, la Parole. La catéchèse est le fait de partager le grand trésor qui est enraciné dans la Parole de Dieu et d’aider à la découvrir. J’ai envie de le partager.
Aujourd’hui, les enfants sont parfois dans une certaine confusion. Ils vont à l’école avec des enfants d’autres religions ou sans religion et n’arrivent pas forcément à situer leur foi, à dire ce qu’elle est. Je trouve très important de pouvoir aider les enfants à pouvoir formuler leur foi, ou au moins leur recherche.

Comment préparer des enfants à la première communion, au mystère de l’Eucharistie ?
Dominique Coerten : Ce n’est pas forcément le cas de tous les enfants, mais nous en recevons de plus en plus qui n’ont plus du tout d’éléments de culture chrétienne. Avant, il y avait quand même un semblant de savoir chrétien, ils savaient que Pâques ne se résumait pas aux chocolats ou Noël au Père Noël. Comme il n’y a plus cette culture chrétienne, nous recevons des enfants qui n’ont jamais été à la messe ou qui y ont été mais qui ne connaissent même pas le signe de croix.
Partant de cet état de fait, la première chose à faire est de leur faire découvrir le Christ, de leur faire faire ce chemin vers Jésus. C’est replacer le kérygme au centre : leur dire que Dieu est là auprès d’eux à chaque instant, qu’il les aime, et les faire entrer en relation avec lui. Nous travaillons à ce qu’ils soient familiarisés avec la Parole et qu’ils aient une vie de prière. Quand ils ont goûté à cette relation avec le Christ qui enrichit et transforme, l’Eucharistie suit tout naturellement. Nous levons un coin du voile sur le mystère de l’Eucharistie, et après cela s’approfondit tout au long de la vie.

Le vicariat de Bruxelles propose depuis 2015 un nouveau parcours, avec une première communion plus tardive, vers onze ans, souvent associée à la confirmation. Pourquoi ce changement ?
Dominique Coerten : L’idée est qu’il n’y ait plus systématiquement un âge pour toute la paroisse pour la première communion. Chaque enfant avance à son rythme avec l’objectif que vers onze ans, tous aient au moins eu cette première annonce et aient commencé à lire la Bible et à avoir une vie de prière. C’est véritablement un parcours catéchuménal. Nous essayons de respecter le cheminement de l’enfant. S’il y a des enfants qui sont prêts plus tôt, ils peuvent communier plus tôt.
Ma conviction est que si nous n’avions pas fait ces changements, la situation actuelle serait bien pire, avec moins d’enfants qui feraient leur première communion, presque aucun ne faisant sa profession de foi, et un sacrement de confirmation qui disparaîtrait quasiment des communautés.
Ce n’est toutefois pas propre au vicariat de Bruxelles. Cette approche existait déjà aux États-Unis dans les années 1990, avant d’être reprise au Québec au début des années 2000. Nous nous sommes d’ailleurs inspirés de ce qui se faisait au Canada francophone. Et je crois qu’il y a ce même type de fonctionnement dans certains diocèses du nord de l’Italie et de l’est de la France.

Sœur Béatrice, les enfants que vous accompagnez ont-ils des questions particulières pour vous, en tant que religieuse ?
Sœur Béatrice: Ils me demandent souvent comment entrer en relation avec ce Dieu. C’est véritablement une recherche. Il y a une grande soif, j’entends souvent : « J’aimerais bien croire, mais je n’y arrive pas ». Alors dans ces premiers pas, je leurs réponds : « Cherchons ensemble, si tu veux ».  

Comme accompagnatrices, que représentent pour vous les célébrations au cours desquels les enfants communient pour la première fois ?
Sœur Béatrice: C’est toujours un moment d’émotion et de grande joie. Nous voyons que ces enfants se préparent très sérieusement, notamment lors de la retraite que nous faisons en amont. Le jour de leur première communion, il est visible que c’est un moment très important pour eux. Je peux également sentir qu’ils sont reconnaissants que nous ayons passé du temps avec eux pour les accompagner. Même si après bien des choses peuvent arriver et qu’ils peuvent s’éloigner un peu, je suis sûre que c’est quelque chose qui va rester en eux.
Dominique Coerten : Il y a beaucoup de joie lors de ces cérémonies. Les enfants sont impressionnés par ce qui se passe, par le caractère solennel du moment. Comme ils font souvent leur confirmation en même temps, il faut travailler sur la liturgie, car les gestes de ce sacrement prennent beaucoup de place. Il faut donc faire preuve d’ingéniosité – tout en restant dans le cadre liturgique – pour pouvoir remettre à l’avant-plan cette première communion, car l’Eucharistie est vraiment source et sommet de la vie chrétienne. Dans l’ensemble, ces cérémonies sont pour nous un moment très émouvant. Même si en tant qu’organisatrices nous avons parfois tendance à courir un peu partout…

Comment cet accompagnement des jeunes vers l’Eucharistie nourrit-il votre propre foi ?
Sœur Béatrice: Je suis obligée de chercher tout le temps ! Chaque enfant a besoin d’une pédagogie presque personnelle, et donc il faut réfléchir à comment les rejoindre dans leurs situations très différentes, et c’est parfois bien difficile. Cela me rapproche du Christ car je lui demande : « Seigneur, ce sont tes enfants, comment veux-tu que nous les accompagnions ? Aide-moi à les comprendre. »
Dominique Coerten : Cet accompagnement des enfants demande beaucoup de recherches et beaucoup d’envie. Il faut toujours chercher à faire mieux et à être plus pédagogue pour aider tous les enfants à faire cette rencontre avec le Christ. Nous avons notamment une bibliothèque avec beaucoup de méthodes que nous étudions. Nous sommes aussi entourées de personnes de compétences et sensibilités différentes et, c’est incroyable de voir toute la à créativité que cela peut exprimer.

Updated on 14 Mai 2023
Laissez un commentaire