Pier Giorgio Frassat,i un homme « équilibré »

100 ans après son décès, Pier Giorgio Frassati sera canonisé le 7 septembre prochain. Béatifié en 1990 par Jean-Paul II, il fut donné comme modèle aux jeunes. Rencontre avec le père Loïc Molina, curé de Chambéry, sportif et amoureux de la nature.
13 Juillet 2025 | par

Comment avez-vous connu Pier Giorgio Frassati (1901-1925) ? Quel lien avez-vous avec lui ?
Tout d’abord, géographiquement : Chambéry, où je suis curé, est assez proche de Turin (à peine plus de 200 kilomètres) et c’est la Savoie ! Puis, je me souviens qu’aux JMJ de Cracovie, en 2016, Pier Giorgio avait une place importante. Les reliques du futur saint, patron de la jeunesse, avaient été transportées de Turin à Cracovie. J’étais séminariste et avec un groupe de jeunes, nous nous sommes dit qu’avec nos magnifiques montagnes, nous pourrions organiser des marches pour les jeunes, comme le faisait Pier Giorgio.

Pourquoi avez-vous choisi d’appeler vos excursions en montagne « randonnées Frassati » ?
Pour plusieurs raisons. Nous voulions avoir un patronage, c’est-à-dire, être accompagnés par un saint, un ami de l’étage au-dessus ! Puis, sa devise Verso l’alto, nous attirait pour nous élever nous aussi. Avec ces randonnées, on prend la spiritualité qui se balade dans la montagne ! On monte, en se nourrissant de la beauté de la nature, jusqu’au sommet puis on redescend pour la partager dans le monde et dans nos quotidiens. Et puis, Pier Giorgio était un homme très équilibré : il était attaché à la nature, vivait ses engagements politiques et aidait les personnes en précarité. Aujourd’hui, la question de savoir comment nous pouvons avoir une vie équilibrée est si importante. 

La volonté, le service, l’amour des autres et la foi sont des vertus qui habitaient Pier Giorgio. Essayez-vous de les transmettre aux jeunes ?
Oui, nous essayons. La volonté est une vertu forte en montagne, car pour arriver à un sommet, il faut le vouloir, mais cela peut se faire de manière assez naturelle car la montagne est belle et la fraternité vécue soutient la volonté. Un des risques est de forcer la volonté, de développer nos propres forces par soi-même. Lors d’une randonnée, une force est donnée par la nature qui vient de Dieu. Lors de ces « randonnées Frassati », des topos sont faits par les jeunes, pour les responsabiliser, puis nous pouvons étudier un saint, une vertu. Nous avons une sortie par mois, parfois sur une journée, parfois un week-end. 

Quel conseil donnez-vous aux jeunes pour nous attacher à la cordée dont Pier Giorgio est le premier ?
Ce qui donnait sa force pour servir dans le monde et mener des combats, c’était sa compagnie des « Types louches ». J’aime rappeler l’équilibre entre la mission et la prière. Pier Giorgio se ressourçait en allant dans la nature. Pour être équilibré dans l’extériorité (pour que ce ne soit ni un lieu de dépendance, ni un lieu de valorisation de soi), il faut que l’intériorité soit nourrie, comme le faisait Pier Giorgio. Notre intériorité développée fait que l’on agit avec amour et non par peur. Pier Giorgio prend le temps de se laisser refonder en Dieu et laisser Dieu faire. 

Pier Giorgio a trouvé la joie dans la prière, le service et une vie pleine de sourires pour être un pont vers les autres. Comment le partagez-vous avec les jeunes ?
La force de la fraternité rejoint ces vertus. Nous avons la messe à chaque randonnée, des temps de prière, de lecture de la Bible et cela nourrit la joie. Nous aimons lire également un texte de Pier Giorgio. La joie de se retrouver est à chaque fois grande avec ces jeunes qui ont entre 18 et 35 ans. Nos sorties en montagne sont le samedi pour que les prêtres qui accompagnent soient plus disponibles.

Le 13 août 1923, Pier Giorgio écrivait à son ami Tonino : « Lorsqu’on part en montagne, il faut d’abord se mettre en règle avec sa conscience, parce qu’on ne sait jamais si on en reviendra ». Avez-vous cela présent à l’esprit vous aussi ?
Même si on ne le dit pas car les randonnées que nous proposons ne présentent pas de très grands risques, nous l’avons à l’esprit et c’est inspirant. 

Face aux joies de la montagne, Pier Giorgio écrivait : « Du haut des glaciers une pensée a couru vers les amis lointains : je les aurais voulus tous là pour jouir avec moi de ce merveilleux spectacle ». Face à cette beauté, que vivez-vous avec les jeunes ?
À chaque randonnée, on vient se ressourcer pour pouvoir se redonner. La montagne elle-même nous transmet cette joie. La beauté, l’immensité et l’humilité accompagnent cette joie de l’effort. Et cela nous aide ensuite dans notre quotidien et avec les difficultés que nous avons à traverser. Un chant de saint Benoît dit ceci : « Les arbres et les rochers t’enseigneront des choses qu’aucun maître ne t’enseignera ». On permet aux jeunes de se laisser enseigner par la montagne. 

En février 1924, Pier Giorgio écrivait : « Tant qu’on est jeune, il est bon de fortifier son corps en pratiquant un peu de sport afin de pouvoir mieux s’accommoder des fatigues de la vieillesse ». Donnez-vous ces recommandations aux jeunes ?
Oui ! Pour cela, on aime prier le psaume 126 qui évoque les « fils de la jeunesse » et « l’homme vaillant qui a garni son carquois de telles armes ». Les expériences que l’on a faites durant notre jeunesse vont nous servir toute notre vie. 

Joie et prudence vous habitent-elles comme Pier Giorgio au début de chaque randonnée ?
Oui, la prudence reste de mise, elle est notre alliée. Et la joie est là, toujours, car nous faisons de belles randonnées, accessibles à tous. Une randonnée Frassati, c’est pratiquer une activité en montagne inspirée par le saint.

Qu’est-ce qui attire les jeunes à partir cet été au Jubilé ?
Je pense qu’aujourd’hui, on vit par temps forts. Si on a le feu dans notre quotidien, on arrive à faire croître notre foi. Elle se tasse un peu avec le temps, alors ces temps forts sont des lieux de ressourcement massifs. Ce Jubilé des jeunes est un peu un équivalent de JMJ ! 

Quel est votre désir à l’approche de ce Jubilé ?
Je m’émerveille beaucoup des jeunes qui retrouvent la foi. Mon désir est double : je souhaite que des jeunes qui ont retrouvé la foi il y a peu de temps aient envie de venir vivre ce temps avec nous ; mais aussi que tous ceux qui seront allés à Rome reviennent nourris et puissent redistribuer autour d’eux la joie. J’ai le désir que ceux qui redécouvrent la foi puissent l’approfondir, et que ceux qui sont plus installés puissent oser partager ce qu’ils vivent. L’année 2025 étant sur l’espérance, j’ai le désir que les jeunes comprennent que l’espérance ne déçoit pas. Plus on avance dans la vie, plus on se rend compte que Dieu est bon. J’aimerais que ce Jubilé ancre l’espérance en chacun !

Updated on 13 Juillet 2025
Laissez un commentaire