Projets Caritas Saint-Antoine 2005

23 Mai 2005 | par

Indonésie : construction de 45 logements à Banda Aceh

Après 37 ans de mission en Indonésie, le père Ferdinando Severi pensait avoir déjà accumulé assez d’expérience tout au long de sa vie. Il a consacré la première période de son séjour en mission à la paroisse du Sacré Cœur à Banda Aceh, au Nord de l’île de Sumatra. A son arrivée, l’Imam de la mosquée, juste en face de l’église, avait annoncé sa venue au travers du haut-parleur : « Attention au Frère, il est venu pour vous convertir ». Père Severi ne s’est pas découragé, il répondait ainsi : « Je ne suis pas venu pour vous convertir : mon Dieu est universel et il m’enseigne que je dois aimer tout le monde, y compris les frères musulmans. » Et cela, il l’a démontré concrètement, en ouvrant à quiconque les portes de la salle opératoire de l’hôpital catholique de Medan, où des médecins étrangers venaient opérer gratuitement les personnes gravement handicapées. Au début, une grande méfiance régnait, puis un jour la fille d’un fondamentaliste, affligée par un bec-de-lièvre, osa aller à la rencontre du père Severi et dire aux siens ce que le Frère avait fait pour elle, sans rien demander en échange. Père Severi s’est progressivement gagné le respect, voire l’amitié de nombreux musulmans.
Mais la vie lui a réservé une dernière épreuve : il était à Meulaboh, la ville la plus touchée par le tsunami le 26 décembre dernier. Il s’est sauvé par miracle, mais lorsqu’il est rentré à Banda Aceh, le monde s’est écroulé devant lui : au sein de la mission, 50 personnes sont décédées, une quarantaine de maisons détruites, et 94 logements sont en piètres conditions. L’école était inondée et l’église en ruine. Sa mission allait s’éteindre. « Lorsque nous avons enfin pu rouvrir les portes de notre école – écrit-il dans sa dernière lettre – seuls 15 élèves sont venus, ils étaient 400 avant la catastrophe. A l’entrée de l’école, un enfant de l’école primaire pleurait dans les bras de sa mère : il avait perdu ses camarades. »

Inde : un centre de soins palliatifs pour malades du Sida

Soigner les malades du Sida avec le même amour que portait saint François aux lépreux, c’est le défi que se sont lancé les Frères Franciscains Conventuels, arrivés en Inde il y a 25 ans.
Le Sida est apparu dans le monde voici vingt ans. L’Asie occupait encore le devant de la scène depuis une dizaine d’années, avant d’être récemment dépassée par l’Afrique du Sud. Mais aujourd’hui en Inde, sans considération de caste ou de classe, les séropositifs encourent un ostracisme social considérable, parfois extrême. Les chiffres pourraient nous sembler modestes : 1% de la population est atteint du Sida, mais cela se traduit en millions de cas. Et selon les Nations Unies, le futur sera encore plus noir : en 2015, le Sida provoquerait 12,3 millions de morts en Inde.
L’ignorance sur la maladie est prégnante, et s’accompagne de graves préjugés : 36% des Indiens sont convaincus que le séropositif a mérité la maladie, 34% ne veulent pas approcher les malades, et un cinquième de la population estime que cette terrible maladie est un châtiment de Dieu. Les conséquences sont dramatiques : de nombreux malades meurent dans la rue, sans le moindre réconfort de la part de la famille. Une orientation fort dangereuse pour un pays qui constitue un sixième de la population mondiale, où de nombreux individus souffrent de la pauvreté, privés de soins médicaux. 
« Tant de solitude et de désespoir en l’Inde ! – affirme le père Mathew Puravidom, Frère Conventuel de la mission indienne - Personne ne les encourage à vaincre les préjugés, à conseiller, à réconforter, et à enseigner la miséricorde. C’est un grand défi pour nous. »
Les Frères ont alors décidé de construire un centre de soins palliatifs, avec 50 lits pour les malades en phase terminale. L’Assisi Snehalaya Hiv/Aids rehabilitation Centre sera construit dans une zone cruciale, au cœur de la région de Tamil Nadu, l’un des Etats indiens les plus touchés par le Sida. « Nous voudrions aider les familles à réfléchir sur la maladie, mais nous voudrions surtout donner aux séropositifs le droit de mourir avec dignité, avec tous les soins possibles, entourés d’amour. »
Il y a longtemps que les religieuses et les Frères Franciscains assistent les malades, dont la majorité appartient à d’autres religions. Mais que signifie accompagner un hindou ou un musulman vers la mort ? Père Mathew répond en souriant à la provocation : « Cela signifie simplement être à leurs côtés, leur prendre la main. Savez-vous ce qu’à dit l’un d’eux ? “Finalement, grâce à vous j’ai aperçu le visage de mon Dieu.” Quel beau cadeau nous a-t-il fait ! »

Burkina Faso : construction d’un centre sanitaire

Lorsque les Frères Missionnaires arrivent à Sabou le 5 novembre 2002, dans le diocèse de Koudougou au Burkina Faso, ils constatent immédiatement, et avec effroi, la gravité de la situation. Les défaillances au niveau du système de santé ont des répercussions catastrophiques sur les êtres les plus vulnérables : les femmes et les enfants, ce sont eux qui paient le prix le plus cher.
Dans un premier temps, les Frères construisent huit puits dans les villages dépourvus. Ils ouvrent aussi un dispensaire pour soigner les ulcérations de la peau, très fréquentes dans la région, et un centre nutritionnel pour les enfants, avec la contribution de la Caritas Saint-Antoine. Mais la réalité est toujours aussi douloureuse. De nombreuses femmes perdent la vie lors de l’accouchement, et les enfants, souffrant gravement de malnutrition, s’éteignent les uns après les autres.
Il faut construire un centre sanitaire, destiné en priorité aux soins d’urgence et aux enfants, les plus exposés aux infections. Les deux hôpitaux de Koudougou et Ouagadougou sont trop éloignés et de grande affluence, alors que la population en zone rurale – environ 80 000 habitants dispersés sur un territoire de 320 km2 – ne dispose d’aucun service sanitaire. Les femmes et les nouveau-nés ne bénéficient pas de soins qui pourraient leur sauver la vie.
« Nous avons déjà récolté 100 000 ¤ pour l’achat du terrain, du puits et du groupe électrogène. En ce qui concerne le personnel médical, les Sœurs Mineures de Marie Immaculée nous aident avec charisme, et nous attendons que le gouvernement joue son rôle en nous confiant les médicaments. A présent, il ne nous manque que les fonds pour la construction du centre sanitaire que nous voudrions dédier à saint Maximilien Kolbe et nous espérons que vous nous aiderez. »

Brésil : trois cents citernes d’eau

Faire don de l’eau. Rien n’a plus de valeur et de sens pour les habitants de la zone semi-aride, une vaste région rurale au Nord-Est du Brésil. Le père Luciano Bernardi, originaire de Trévise en Italie, vit depuis 25 ans au Brésil, voué aux “sans terre”, modestes paysans suffoqués par les grands propriétaires et par la lutte continuelle avec la mère nature, avare de pluie et de récoltes.
Il fait partie d’un mouvement populaire à Itaberaba (Bahia) appelé Olho vivo, “œil vif”, créé il y a une dizaine d’années au sein de l’Eglise brésilienne, par les Sœurs et les Frères Franciscains. « Ici les gens sont pauvres. Ils ne possèdent que de petits bouts de terre qui ne suffisent pas pour survivre. Des pluies torrentielles tombent, puis plus une goutte pendant des semaines. Et les paysans perdent leurs récoltes, une, deux, trois fois de suite. Leur résistance est impressionnante. Auprès d’eux, j’ai appris la ténacité et la patience. »
La solution, des citernes pour recueillir l’eau de pluie, était déjà connue par la tradition populaire depuis la fin du XIXe siècle, mais elle a toujours été rejetée par les institutions, qui la considèrent peu “technologique”. On a alors construit des puits, mais « Ce fut un fiasco. Ici la terre est salinisée et après quelques mois même l’eau des puits est imbuvable. »
La lutte pour l’eau, soutenue surtout par l’Eglise, est devenue une lutte pour le droit à la citoyenneté et à la participation politique. Un lent parcours qui a porté à l’élection du président Lula, d’origine populaire, et de son programme « Zéro faim et soif », qui comprend la construction de millions de citernes pour la région semi-aride. « Malgré les efforts, encore beaucoup de familles sont sans citerne. C’est pour cela que je vous demande de m’aider », nous a écrit le p. Bernardi.
Mais qu’est-ce que cela signifie avoir finalement un peu d’eau pour une famille du semi-aride ? « Cela signifie que les femmes ne gaspillent plus la grande partie de la journée pour aller chercher de l’eau potable. Cela signifie, précise-t-il que moins de personnes âgées et moins d’enfants tombent malades, mais surtout que l’on peut s’en sortir, ensemble. »

Updated on 06 Octobre 2016